
A la suite de l'annonce de la séparation du groupe Toto, je voulais apporter une réaction tant ce groupe a marqué ma vie à partir du jour où je l'ai découvert en 1982...
En cette année 82, j'avais alors 17 ans, mes goûts s'orientaient plutôt vers les Beatles, Paul McCartney, The Police, The Rolling Stones, Dire Straits, Supertramp, Barclay James Harvest, Santana, etc, etc. Bref les grands classiques rock de l'époque (j'écoute toujours, grâce à la fabuleuse invention qu'est le i-Pod!!!), j'écoutais également les Eagles, America et Crosby Stills & Nash!!! Une prédisposition?
J'avais vaguement entendu parler de Toto, j'avais aperçu les pochettes des trois premiers albums mais je ne m'étais jamais donné la peine d'écouter. Et puis, mis à part George Lang et quelques radios libres naissantes, les médias français n'accordaient pas beaucoup d'importance à ce groupe "de requins de studios" comme les surnommait alors des magazines comme Rock 'n Folk ou Best qui décidaient pour tout le monde ce qui était bien et ce qui était mauvais... Habiter Périgueux à l'époque n'était pas un gage de facilité pour se tenir au courant de tout ce qui sortait aux Etats-Unis, et pour rencontrer quelqu'un qui vous fasse connaître les Robbie Dupree, Airplay ou encore Bobby Caldwell il fallait au minimum s'expatrier sur Bordeaux... Et enfin pour vous donner une idée la radio RFM n'est arrivé à Périgueux que dans les années 90 c'est vous dire... Pour les parisiens celà peut paraître improbable mais c'était ainsi... Il n'en reste pas moins que Périgueux est une très belle ville où il fait très bon vivre.
Un beau jour de cette belle année 82 un copain me prêta une cassette où il avait enregistré le fameux "album rouge avec l'épée et les anneaux" qui venait juste de sortir. Ce fut le coup de foudre immédiat, je découvrais "le groupe", le groupe qui faisait la synthèse de toutes les musiques que j'aimais pour n'en faire qu'une seule, à savoir, le rock, la soul et le rhythm 'n blues, les belles ballades, le jazz, un hard rock léger le tout saupoudré de rock progressif... et avec ce je ne sais quoi en plus qui vous faisait immédiatement penser aux belles plages californiennes bordées de palmiers. Bref pour moi le truc idéale dans ma soif d'évasion à l'aube de mes 18 ans. Quelques jours plus tard, je courrais chez le disquaire acheter l'album
vinyl, ainsi que les trois albums précédents, qui tournèrent en
boucle sur ma chaîne stéréo pendant plusieurs semaines, j'en fis des
cassettes pour la voiture et pour le walkman, A partir de ce moment là,
la musique des frères Porcaro, de Lukather et Paich devint un élément important dans ma vie. (Je garde encore un souvenir ému lors d'un été j'écoutais Takin' It Back (Steve Porcaro) sur mon walkman sur la plage du Chay à Royan (non pas à Malibu) par un magnifique soleil couchant avec les vagues venant mourrir à mes pieds... Depuis ce jour là Takin' It Back reste un de mes titres préférés de Toto).
L'album IV fut l'apogée commerciale de Toto (l'apogée artistique se situe pour moi avec The Seventh One) avec les tubes Rosanna, Africa, I Won't Hold You Back, les Grammy Awards, la reconnaissance internationale, etc. Je commençais alors à scruter avec attention beaucoup de pochettes de disques d'artistes américains dont je ne connaissais pas forcément le nom, pour voir si les noms de Porcaro, Lukather, Paich y figuraient, leur participation à l'album Thriller de Michael Jackson et le succès simultané de l'album IV avait fait monter leur côte de manière vertigineuse dans les studios de L.A. C'est de cette manière que j'ai découvert beaucoup de talents westcoast, c'était pratiquement le seul moyen en habitant une petite ville de province de connaître de nouveaux artistes estampillé calif., c'est ainsi que j'ai découvert le troisième album de Pages ou encore Bill LaBounty avec son "Livin' It Up" qui allait devenir un classique des F.M. françaises, et je me souviens aussi d'albums comme Amy Holland "On Your Every Word" ou encore Alessi "Long Time Friends", je ne vais pas faire la liste, elle serait trop longue... Bref tout ça pour dire que ce n'est pas par le bouche à oreille, ni par les médias que j'ai découvert ces artistes, mais par les noms des musiciens de Toto.
Ayant une affinité pour la batterie, Jeff Porcaro allait rapidement devenir mon idole et outre le fait que c''était un batteur hors norme, je trouvais qu'il se dégageait de lui un charisme évident, et puis souvenez-vous du look qu'il avait les dernières années de sa "trop courte" vie, il était terrible!!!!
En 1983 j'investissais la radio libre "branchée" de Périgueux, Fréquence 101 où pendant 3 ans j'animais une émission westcoast tous les vendredis soirs de 22h à 24h que j'avais baptisé "Sunset Boulevard", ça ne laissait aucune équivoque sur le contenu musical. En 1984 mon générique d'émission était l'excellent instrumental Moodido The Match (Boxing Theme) que Toto évait écrit pour les jeux olympiques de L.A. La sortie de Isolation m'avait un peu déçu malgré la présence de très bons titres, mais mis à part Mr. Friendly que j'ai toujours du mal à écouter, le reste passe plutôt pas mal aujourd'hui.
La sortie de Fahrenheit en 1986 m''a complètement réconcilié avec les "Toto Guys", un album très varié, une production au millimètre, il annonçait ce qui pour moi reste le sommet artistique du groupe "The Seventh One". Au début de l'année 87 avec quelques amis je montais (et oui de Périgueux on dit "monter à Paris") voir Toto pour la première fois sur scène au Zénith, ce fut bien évidemment "magique", je voyais enfin mes idoles sur scène pour ce qui restera le meilleur des cinq concerts que j'ai vu de Toto. Outre les membres du groupe, Lenny Castro et Paulette Brown étaient de la tournée. Je les ai revu l'année suivante à La Patinoire à Bordeaux pour la tournée "The Seventh One" où je hurlais à Luke de me jouer "Only The Children" titre que j'aime beaucoup, mais bon... il n'a pas accédé à ma requête...
L'éviction de Williams et l'arrivée de Byron ne m'inspira pas beaucoup, je trouvais comme beaucoup de fans que le look de Byron et sa manière d'être, ne correspondait pas du tout ni à l'esprit ni à l'image de Toto et que le groupe y perdait de son âme, et ceci malgré la bonne qualité des quatre titres inédits qui figuraient sur la compilation "Past To Present".
En cet été 1992 je me trouvais aux Etats-Unis, en effet j'étais parti 5 semaines sillonner les routes de Californie, d'Arizona, d'Utah, du Colorado et du Nevada, je rêvais en secret qu'à Los Angeles au détour d'une rue j'allais croiser Jeff ou Dave voir Luke, mais rien de tout cela n'arriva. Bien au contraire, je rentrais en France le 3 août 1992... et 48 heures plus tard... Jeff Porcaro celui avec qui j'avais toujours rêvé d'aller boire une bière et de parler musique, allait rejoindre le paradis des musiciens. La radio France Info annonça son décès toute la journée pratiquement en premier titre, il est vrai qu'au mois d'août l'actualité sociale et politique est en sommeil. Ce fut pour moi la fin de toute une époque, une catastrophe, une page se tournait, sur le moment je me suis dit Toto c'est fini... Heureusement je me trompais, mais ce qui est sûr c'est Toto ça ne serait jamais plus comme avant...
Je reçus assez mal la sortie de Kingdom Of Desire, leur premier vrai album depuis The Seventh One, il était trop "hard" pour moi à l'époque, je rêvais en secret d'un second "The Seventh One" mais il vrai quand on regarde la discographie de Toto, aucun album ne ressemble à un autre... Avec le recul et les années j'aime beaucoup Kingdom Of Desire qui est certainement un de leur tout meilleur album, et puis Jeff est excellent d'un bout à l'autre sur ce disque.
Le groupe le remplaça par Simon Phillips qui malgré ses bonnes qualités de batteur ne fit jamais oublier Jeff dans le groupe (mais dans l'alchimie Toto, Jeff était irremplaçable, à chaque concert où je me suis trouvé après son décès, son ombre planait dans la salle), trop discret et certainement un manque de charisme évident. Il faut aussi se mettre à la place de Phillips, pas évident pour lui... Je revins à Paris pour les voir à Bercy pour la tournée hommage à Jeff, en me disant c'était peut-être la dernière fois que je voyais Toto sur une scène. Et puis finalement non... 1995 voit la sortie de Tambu, un album honnête auquel il manque peut-être un soupçon d'âme...
1998 : la sortie du XX avec ses titres inédits m'a fait un plaisir immense, avec Goin' Home, Tale Of A Man, le superbe Last Night dont on se demande encore pourquoi il n 'a pas fait partie de The Seventh One, fait revivre Jeff et l 'esprit Toto Vintage... La mini-tournée qui s'ensuivit avec Williams, Steve Porcaro et Bobby Kimball a fait plaisir à tous les fans. Avec Mindfields (album assez inégal) et le retour officiel de Bobby Kimball le groupe retrouve un peu son âme de la fin des 70's et du début des 80's avec des titres comme One Road ou Caught In The Balance, Cruel, Mad About You, Better World Part 1-3... Mais Jeff n'est plus là et la magie a un peu disparu... Je suis revenu voir la tournée en 1999 à Bordeaux pour Bobby Kimball et le concert ne m'a pas déçu à part peut-être le solo de batterie (j'adore cet instrument mais les solos de batterie m'ont toujours agaçé pendant les concerts, Jeff avait la sagesse de ne pas en faire...).
Through de Looking Glass en 2002 a été pour ma part une grande déception, je n'hésite pas à dire encore aujourd'hui que cet album est peut-être ce qu'ils ont commis de plus décevant durant toute leur carrière.
Falling In Between remet les pendules à l'heure en 2006 et prouve qu'ils en ont gardé encore un peu, la qualité des compos est excellente et cet album est certainement ce qu'ils ont fait de mieux depuis The Seventh One sans toutefois l'égaler. Une très belle révérence...
On pensait alors que Toto poursuivrait son train-train et sortirait un nouvel album tous les 4/5 ans. Mais Paich ne fit pas la tournée qui suivit la parution Falling In Between prétextant des problèmes personnel, Mike Porcaro déclina la seconde tournée de Falling In Between quelques mois après pour des problèmes de santé... Luke continua à tourner avec Lee Sklar et Greg Philligannes mais où était Toto???? Plus de frères Porcaro, plus de David Paich, ce n'était plus Toto, c'était Luke+Kimball + les autres... en l'état je comprends tout à fait la décision de Steve Lukather de quitter le groupe et c'est tout à son honneur... Il n'a fait qu'accélérer le processus de ce qui ressemblait de plus en plus à une lente agonie. C'est une grande tristesse pour tous les fans, mais il faut l'accepter... Est-ce une séparation définitive? Seul l'avenir le dira... en tout cas ça en a l'air...
Je voudrais remercier tous les membres du groupe pour tout les merveilleux moments qu'ils m'ont fait passé dans ma vie. Ciao et bon vent les gars... Et puis si un jour ils ont envie
de refaire un petit album avec Joe Williams, Steve Porcaro, Mike Porcaro, David Paich, Steve Lukather, Bobby Kimball et Simon Phillips on est preneur...